En remontant de Libreville vers le nord, la côte, surplombée de falaises rocheuses, est hérissée d’une infinité de récifs. Là, aux environs du Cap Estérias ( Ebendjé ), et du Cap Saint Jean ( Ngongo ), ainsi que dans les îles adjacentes de Corisco et Elobey, on rencontre quelques villages bengas, derniers vestiges d’une race de hardis marins, les meilleurs navigateurs de ces contrées. Ces Bengas forment une peuplade à part, dont le langage diffère sensiblement des autres idiomes du littoral gabonais. Ils se rattachent aux Banokos du Cameroun, ainsi qu’aux Kombés et aux Bapoukous de la Guinée Espagnole. Leurs anciennes traditions en font une branche détachée des Bakotas de l’Ivindo. Venus probablement du Haut-Cameroun, les Bengas longèrent le rio-Campo pour descendre vers la mer, tandis que les Bakotas s’enfonçaient dans la direction de l’Ivindo, qu’ils traversèrent plus tard pour s’établir encore plus à l’est, jusque vers la Mossaka. Peu à peu, les relations entre les deux fractions de la tribu se firent plus rares et finalement les jeunes générations nées sur la côte ne gardèrent plus qu’un vague souvenir de leurs frères de l’intérieur. Mais interrogez les Bengas, ils vous diront encore aujourd’hui que Bengas et Bakotas sont une seule et même race. En se dirigeant vers l’Océan, les Bengas cherchaient vainement un gué pour passer sur la rive droite du Rio-Campo. Alors, raconte la légende, « on vit une antilope déboucher sur la rivière et la traverser à pied. Un immense cri de joie retentit dans les airs : le gué était trouvé. Défense fut faite de toucher à la bête qui disparut aussitôt dans la forêt voisine. Aussitôt, tout la tribu – hommes, femmes et enfants – s’empressa de gagner le passage indiqué ». Une fois sur la rive droite du Rio-Campo, les Bengas ne tardèrent pas à arriver sur le littoral qu’ils suivirent jusqu'à la hauteur du Cap Saint Jean. Un premier groupe s’y fixa à proximité des Bapoukous. Plus tard, un second groupe passa aux îles Corisco ( Mandji ) et Elobey, alors inhabitées et fréquentées par des pêcheurs de la côte ( Oukolo, Ndombo et Madékélo ). Des îles, un troisième groupe émigra vers le Cap Estérias pour s’étendre jusqu’au-delà du Ca Santa-Clara, non loin de la crique Otandé. Cette dernière partie de leur territoire leur fut cédée par les Mpongoués après un arrangement préalable dont une des clauses portait que « les Mpongoués épouseraient les filles Bengas » : c’est ce qui se pratique encore aujourd’hui. Après leur installation sur la côte, les Bengas durent lutter fréquemment avec les Akowas ou Pygmées ( race de pygmées que l’on retrouve encore au Gabon ), très nombreux alors, ainsi que les Diboués, race aujourd’hui presque éteinte, venue de l’intérieur par le Mouni et la Mondah. Les Bengas furent évangélisés simultanément par les jésuites espagnols auxquels ont succédé d’autres missionnaires de même nationalité et par les Pères du Saint Esprit ( 1849 ). La mission de Saint Joseph des Bengas fut autrefois prospère. Elle faillit même avoir des martyrs, sans l’intervention du commandant français de Libreville. Aujourd’hui elle est fermée, faute d’habitants. Les Bengas sont morts ou ont émigré au chef lieu de la colonie et les Fangs hésitent à s’établir dans un pays où la navigation est difficile. Et le fameux roi soleil des Galoas, et aida puissamment les premiers explorateurs du Haut Ogooué en leur fournissant les pirogues et des hommes. Source du texte :
http://www.gabonforever.com/Les%20Bengas.htm